9.10.23

Colearnis : à vous de filmer

La mobilité professionnelle est devenue la norme en Suisse, avec un turnover proche de 20%, selon l’Office fédéral de la statistique. Transmettre le savoir-faire d’un collaborateur à un autre est alors un enjeu phare pour bon nombre d’entreprises, voire un casse-tête.

L'accélération de la mobilité professionnelle est plus réelle que jamais. Si elle emporte avec elle son lot de bénéfices, des préoccupations persistent au coeur du phénomène. Parmi elles, le fait que les entreprises doivent régulièrement mobiliser des ressources humaines afin d'encadrer les nouveaux arrivants ou former les employés reprenant le travail d’un collègue absent.

Le projet Colearnis, soutenu par Innosuisse jusqu’en mai 2022, tend à apporter une solution à ce problème. Il s’agit d’une application permettant de générer facilement des microcapsules vidéos de 2 minutes, utilisées ensuite comme tutoriels internes aux entreprises. On appelle ça de l’enseignement asynchrone, à savoir un transfert de connaissances en décalage temporel et physique. Une tendance qui se développe dans le monde académique et qui arrive dans les entreprises.

La HEG-ARC Neuchâtel est à l’origine de Colearnis (Co-conception learning information system) en collaboration avec le métallurgiste PX-Group, le fabricant de sécateurs Felco et la HEIA Fribourg. Microcity, grâce à sa plateforme de Matchmaking pour les PME et les start-ups, a permis de lier tous les acteurs de ce projet. 

Francesco Termine, responsable de la recherche appliquée et du développement à la HEG-ARC, évoque la genèse du projet, son avancée, le processus de co-création et la gestion de projet avec des acteurs très différents.

Francesco Termine, quel a été le point de départ de Colearnis ?

Lors d’une discussion début 2019 avec le CEO de PX-Group Philippe Chave, nous avons échangé sur la captation et la diffusion du savoir-faire gestuel et la mise en œuvre du travail concret sur des machines. Cela sans devoir solliciter une entreprise externe pour filmer les collaborateurs, mais en leur proposant un applicatif qu’ils pourraient utiliser eux-mêmes pour se filmer via un smartphone.

Les employés créeront-ils leur propre support didactique à destination des collègues ?

En effet. Lors d’un mandat exploratoire avec PX-Group et Felco, nous avons rapidement identifié des prérequis pour que la solution soit efficace. Les collaborateurs devront être accompagnés dans ce travail de création, les opérations à filmer devront être prédéfinies et l’application devra proposer un système de guidage pour que le résultat soit efficace.

En quoi votre modèle est-il différent d’outils comme Stream de Microsoft, le service de partage de vidéos conçu pour les entreprises ou de certaines applications métiers pour les chauffagistes par exemple ?

Stream propose de la diffusion de vidéos. Notre outil, lui, englobera toutes les étapes : la pré-production du contenu en paramétrant les besoins liés à votre métier, la production de rushs, l’identification des besoins au montage et enfin la diffusion. Colearnis sera accompagné d’une liste d’instructions de travail avec les opérations à prévoir, le « Speech to Text » et l’assemblage final.

La question de la confidentialité des informations véhiculées est aussi au cœur des réflexions. Un mot sur ce point ?

C’est un enjeu important et différent de Stream qui permet de mettre du contenu sur Internet. Ici, nous fournissons un outil qui doit assurer la sécurité et la confidentialité des données. Pour cette raison, l’entreprise doit utiliser des smartphones dédiés à ces vidéos et qui sont installés dans les ateliers, centralisant l’information en interne.

Il est prévu également un côté ludique à votre interface.

Chaque vidéo pourra recevoir des « likes » ou commentaires en interne, permettant de valoriser les contenus ou d’y apporter des précisions utiles à l’apprentissage.

A qui est-ce destiné ?

Nous avons beaucoup d’intérêt du côté des ateliers et également des ressources humaines qui doivent planifier les remplacements de collaborateurs. Nous sommes notamment en contact avec des sociétés comme Actaes, Human Hub et une quinzaine de PME de l’Arc jurassien. Cela est en grande partie grâce à Microcity qui nous a mis en contact.

Vous évoquez Microcity. Quel a été son rôle dans le projet Colearnis ?

Microcity nous a mis en relation avec plusieurs partenaires dès le départ du projet, ce qui nous a permis d’avoir une confirmation de l’intérêt de notre solution. Cela nous a conforté. Leur plateforme de Matchmaking sera également très active dans une prochaine phase pour réactiver ce réseau de PME.

Vous avez reçu le soutien d’Innosuisse en décembre 2020 ; une étape importante mais complexe car mêlant de nombreux acteurs, n’est-ce-pas ?

C’est pour cette raison que je dors peu. La HEG-ARC a rédigé le projet Innosuisse mais Fabian Käser, responsable du programme PME de Microcity, nous a aidé à le construire, à trouver les points d’identification pertinents et l’a relu. Il nous a aiguillé également pour les questions contractuelles en lien avec la propriété intellectuelle (PI) en nous mettant en contact avec P&TSIntellectual Property. Nous avons suivi un modèle assez classique dans lequel la PI appartient aux deux partenaires d’implémentation, mais est exploitable à des fins académiques par l’école. Il est donc possible que Colearnis fasse l’objet d’une publication scientifique.

En quoi Colearnis est-il différent d’autres projets Innosuisse que vous avez pu mener ?

Nous ne développons pas une nouvelle technologie, mais nous faisons un assemblage de technologies pour répondre à un besoin. Toutefois, la grosse différence vient de l’intérêt général suscité par le projet. Il n’a jamais été aussi important sur d’autres mandats.

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